1 | Introduction
1Pour les états de langue reculés – tel le français médiéval – la question du rapport oral/écrit n’a pas de réponses faciles. Ne pouvant espérer avoir accès à l’oral véritable, l’on est incapable de comparer les modèles linguistiques oraux avec ceux qui relèvent de la scripturalité. En revanche, l’on peut se demander ce que l’écrit peut nous apprendre sur cet oral inaccessible et les normes des interactions verbales du passé.
2Les textes les plus anciens en langue romane vernaculaire se trouvent déjà du côté de la distance communicative (cf. Koch & Österreicher 1990) ; d’ailleurs, le passage même de l’immédiat à la distance marque le passage de la langue vernaculaire exclusivement orale à celle avec sa propre écriture (Koch 1993). Les débuts de l’écriture vernaculaire restent, toutefois, caractérisés par la « scripturalité à destin vocal », c’est-à-dire, des textes écrits destinés à être prononcés à voix haute (serments, théâtre religieux, chansons de geste, poésie des trouvères etc.) (ibid., 51-54). Par ailleurs, même lorsqu’il s’agit de genres plus tardifs destinés à la lecture (romans en prose, historiographies etc.), il ne faut pas oublier qu’« au Moyen Âge, tout comme dans l’Antiquité, on avait l’habitude de lire, à haute voix ou du moins avec une phonation minimale, tout ce qui avait été écrit » (ibid., 50). En effet, l’ « histoire des pratiques de lecture au Moyen-Âge se présente comme un passage graduel de la lecture orale à la fréquentation individuelle et silencieuse des livres » (Llamas-Pombo 2001, 47).
3Exploitant ce rapport complexe entre l’oralité et la scripturalité en français médiéval, certaines études se placent depuis quelques années dans la perspective de l’ « oral représenté » (Marchello-Nizia 2012), qui est défini comme une « forme d’écrit particulier, qui se donne de façon claire comme de l’oral […] et qui se délimite du reste du texte par un ensemble de marques linguistiques et graphiques explicites1 » (Guillot et al. 2015). Puisque dans les genres textuels narratifs, les segments marqués par l’oral représenté recoupent en grandes lignes les passages au discours direct, certains travaux partent de l’étude des passages en question. Ainsi, une série de recherches de l’équipe de la Base du Français Médiéval de l’ENS de Lyon aboutit à deux résultats majeurs : la mise en évidence de la différence entre deux grands groupes d’unités discursives dont l’un est caractéristique du discours direct (p.ex., pronoms personnels ou conjonctions de subordination) et l’autre apparaît majoritairement en-dehors du discours direct (tels les noms communs ou l’article défini) et une classification des genres textuels de l’écrit médiéval selon la proportion de l’oral représenté et l’usage des unités discursives caractéristiques ou non du discours direct (Guillot et al. 2013, 2015).
4Par ailleurs, depuis quelques années l’oral représenté en français médiéval commence à être envisagé sous l’angle de la pragmatique historique. Cette discipline interroge les textes écrits du passé en quête de la représentation des interactions verbales pour lesquelles l’on envisage non seulement leurs aspects proprement linguistiques, mais également ceux qui relèvent de la situation de communication (pour l’article programmatique de la discipline, ainsi qu’un aperçu des études sur le matériau d’états anciens de plusieurs langues européennes – l’anglais, le haut allemand, le néerlandais – voir Jacobs & Jucker 1995).
5La pragmatique historique choisit ainsi pour objet d’étude le dialogue, « terrain d’enquête privilégié en tant que lieu de la communication mais surtout de la négociation et de la création du sens » (Lefeuvre & Parussa, §11). Elle voit surgir des corpus de dialogues qui développent un système d’étiquetage ciblé sur la pragmatique rendant compte, par exemple, des diverses caractéristiques des interlocuteurs (âge, sexe, position sociale etc.) : pour les états anciens de l’anglais, l’on pense au CED (Corpus of English Dialogues), pour le domaine francophone, au CoDiF (Corpus de Dialogues en français) en constitution s’inspirant de ce dernier. Le dialogue est représenté dans ces corpus par des textes de types différents : théâtre, passages dialogués de textes narratifs, compte-rendus de procès. Les travaux qui s’inspirent de ces corpus mettent en évidence l’intérêt de l’analyse linguistique de ces textes qui, sans donner accès à l’oral véritable, permettent toutefois de récolter des bribes d’oralité (cf. le numéro thématique de Langages autour du CoDiF dirigé par Leufevre & Parussa 2020).
6L’analyse sémantique de baron et chevalier dans quatre types de discours que nous avons menée dans le cadre de notre thèse2 a démontré que les deux noms d’humains en question apparaissaient fréquemment dans les syntagmes nominaux (=SN) à valeur de terme d’adresse (=TA) au discours direct. Ceci n’est pas étonnant, puisqu’ils se trouvent parmi les noms les plus fréquemment choisis pour désigner les nobles laïcs dans les textes médiévaux. Nous nous sommes donc demandé si envisager baron et chevalier en tant que TA sous le prisme de l’oral représenté à travers quatre types de discours – chansons de geste, romans, chroniques et textes documentaires – pouvait nous rapprocher d’une vision approximative d’usage de ces deux termes-là au sein de la norme d’adresse orale et/ou écrite.
2 | Baron et chevalier en tant que termes d’adresse : étude des cas
7Les TA ont été un objet d’étude privilégié de la pragmatique historique dès les débuts de la discipline (cf. Brown & Ford 1961 ; Nevalainen & Raumolin-Brunberg 1995). Les travaux, qui placent généralement les TA dans la perspective du respect de la norme (politesse) ou de sa transgression (insulte), plaident pour la prise en considération des relations entre les interlocuteurs et de leurs rapports de force s’exprimant à travers de diverses caractéristiques.
8Pour le français médiéval, on songe avant tout aux recherches de Dominique Lagorgette qui a proposé une classification des TA en français médiéval et a démontré leur valeur performative, en accordant une attention particulière au « discours marginalisé » dont les insultes (1998, 2003, 2013).
9Notre objet d’étude se situe justement à l’opposé du discours marginalisé : même si dans les textes de fiction chevalier peut parfois faire partie des TA à valeur d’insulte, d’ordinaire baron et chevalier réfèrent aux représentants de la société les plus dignes de respect. En effet, selon nos recherches, du xiie au xve siècle baron a principalement deux sens : le plus fréquemment l’item réfère au haut aristocrate (c’est-à-dire un noble auquel un fief a été octroyé directement par le roi), plus rarement et à partir du xive siècle seulement, il peut être employé en tant que titre de noblesse référant au grade inférieur de la hiérarchie aristocratique. Chevalier apparaît majoritairement dans le sens « guerrier noble » avec une nuance d’appartenance à l’ordre de la chevalerie à partir de la fin du xiie siècle et constitue l’hyperonyme pour la classe « noblesse laïque ». Plus rarement, l’item réfère au représentant de la moyenne ou petite noblesse (nobles qui n’ont pas de fief ou qui le reçoivent de la part des aristocrates) (Geylikman 2022). Par ailleurs, baron et chevalier sont des désignateurs de l’humain par excellence respectivement dans les chansons de geste et les romans : du point de vue narratif, le personnage type d’un texte épique est un « baron », alors que les romans mettent en scène les « chevaliers » (ibid., cf. également Denis 1989). Il faut dire, cependant, qu’il n’y a pas nécessairement de contradiction entre ces deux statuts : la plupart des « barons » (=hauts aristocrates) sont eux aussi des « chevaliers » (=guerriers nobles membres de l’ordre de la chevalerie).
10Les deux noms représentent en effet des hyperonymes pour deux grands groupes sociaux – « hommes nobles laïcs » (chevalier) et « hauts aristocrates » (baron) – dont le premier englobe le deuxième3. Étant ainsi des désignateurs fréquents pour des groupes sociaux de prestige, lorsqu’ils sont employés en tant que TA, ils permettent d’envisager les rapports de force entre les interlocuteurs. Se pose alors la question de la norme d’interpellation des nobles féodaux que nous allons découvrir à travers plusieurs genres textuels. Pour un état de langue moderne, il serait intéressant de confronter les normes d’adresse à l’oral et à l’écrit. Cette comparaison paraît difficile pour un état de langue passé ; en revanche, nous allons tenter de remonter à la norme orale par l’étude de l’écrit.
11L’analyse sera basée sur notre corpus de thèse. Il contient 13 chansons de geste, 18 romans, 12 chroniques (xiie au xve siècle), les recueils de chartes royales et de chartes régionales en langue d’oïl du corpus DocLing (xiiie-xve siècles), ainsi que quatre recueils de textes documentaires en anglo-normand (xiiie-xve siècles). Le choix des textes permet de représenter les quatre siècles couverts par le corpus de façon la plus homogène possible4.
12Nous allons à présent passer à l’analyse de baron et chevalier en fonction d’adresse en commençant par les occurrences relevées dans les textes de fiction.
2.1. Textes de fiction : chansons de geste et romans
13Selon la classification de Koch, les chansons de geste représentent un des types de l’écrit marqué par la scripturalité à destin vocal (1993, 49-54). Étant considéré comme le premier genre de fiction en langue romane vernaculaire, elles s’appuient sur une tradition orale antérieure, vernaculaire depuis ses débuts. Initialement, les textes épiques sont en effet destinés à une récitation devant le public : le texte même est composé dans ce processus-là (Rychner 1955). Selon Zumthor, les textes poétiques médiévaux, dont les chansons de geste, semblaient « avoir été, sauf exceptions, destinés à fonctionner dans des conditions théâtrales : à titre de communication entre un chanteur ou récitant ou lecteur, et un auditoire » (Zumthor [1972] 2000, 52).
14Selon Guillot et al. (2015), les chansons de geste contiennent une part non-négligeable d’oral représenté (47 % dans le corpus interrogé dans l’étude). Marnette met en évidence la valeur performative du discours direct dans les chansons de geste, en indiquant que « si la parole est, dans les chansons de geste, aussi primordiale que la description des actions, c'est que la parole est action. Elle est ce qui déclenche l'intrigue » (1998, 127).
15Une remarque s’impose concernant la norme qui peut apparaître dans le discours direct des textes étudiés. Tout en appartenant à la scripturalité, le discours direct « met en scène » ou « représente » l’oral. Par conséquent, les manifestations des normes de l’interaction verbale que l’on peut trouver dans les passages au discours direct ne sont pas celles d’une norme d’interaction écrite. En analysant les TA dans les passages au discours direct, nous devons donc garder à l’esprit qu’il ne s’agit pas d’une norme écrite, mais d’une norme d’adresse à l’oral représentée par l’écrit.
2.1.1. Chansons de geste
baron | chevalier | |
xii | 63 = 23,6 % | 29 = 12 % |
xiii | 42 = 13% | 19 = 11,8 % |
xiv | 13 = 5% | 7 = 3,7 % |
xv | 1 = 2 % | 0 |
16Dans notre corpus de chansons de geste, aussi bien pour baron que pour chevalier on observe une diminution progressive de fréquence d’emploi en tant que TA par rapport aux autres types d’emploi. D’après nos observations, cette diminution est liée à une raréfaction de la prise de parole dans les textes combinée à l’augmentation de l’importance d’autres emplois des deux noms étudiés : pour baron, la désignation de l’entourage proche d’un roi et d’un grand seigneur, pour chevalier, celle des nobles guerriers en général. On remarque, par ailleurs, que sur toute la période étudiée, dans les chansons de geste baron est plus fréquemment employé en tant que TA que chevalier.
17Le TA le plus caractéristique de ce genre textuel est donc le SN Seigneurs barons6 désignant un groupe d’aristocrates (dans les textes du xiie siècle, par exemple, on en compte 24 occurrences sur 63).
HuonRKib*7, v.1642
« Entandez moy, signour baron, fait il,
(trad. Entendez-moi, seigneurs barons, dit-il8)
18Ce SN apparaît particulièrement intéressant dans la mesure où il est fréquemment relevé dans les prologues des chansons de geste qui imitent l’immédiat communicatif :
CourLouisL2 p.1, v.10
Seignor baron, plaireit vos d'un essemple
D'une chançon bien faite et avenante ?
(trad. Seigneurs barons, vous plairait-il [écouter] un exemple/
D’une chanson bien faite et agréable ?)
19En effet, même s’il s’agit d’une mise par écrit marquée par la distance communicative, le prologue « imite » la situation où le jongleur interpelle son public avant de commencer la récitation-composition de la chanson. Ce passage peut par conséquent être considéré comme étant entièrement au discours direct. Seigneurs barons apparaît alors comme un usage oral possible. Si parler d’une formule de politesse serait un anachronisme, la politesse étant une notion du xvie siècle (Lagorgette 2003, §56), on peut le qualifier de TA respectueux à l’adresse de la haute aristocratie.
20Un autre emploi s’approchant possiblement des usages oraux est le SN fils a baron dont on relève 4 occurrences au XIIe siècle, 2 au XIIIe et 1 au XIVe siècle (1 occurrence est également attestée dans un roman du xiie siècle). Dans notre corpus, ce SN apparaît toujours en tant que TA au discours direct dans une interaction entre deux pairs – deux hauts aristocrates :
CourLouisL2 v.1322
A voiz s'escrie : " Champions, sire niés, Filz a baron, car me venez aidier.
(Trad. Il crie fort : « Champion, sire neveu,
Fils de baron, venez m’aider.
21Dans Geylikman (2022, 83), nous analysons ce TA comme un titre honorifique où baron n’établit pas la filiation du personnage, mais le caractérise comme représentant de la crème de la crème de la noblesse. Par ailleurs, relevé dans des situations narratives fortes en émotions, tel le cri de détresse dans l’exemple 3, il suggère la présence chez le référent de hautes qualités morales qui découlent de sa position sociale : dans l’univers des chansons de geste, le fils d’un « baron » doit nécessairement être un homme de valeur (au sujet de la valeur évaluative de baron voir Geylikman 2022).
22Si nous choisissons d’y voir un reflet d’un possible usage oral, c’est qu’en français médiéval il existe des TA similaires dans leur construction, mais avec une valeur diamétralement opposée :
JourJugR, v. 233
Fil a putain, mauvais gaignon,
Traïtes et villains puant, … .
(trad. Fils de putain, mauvais chien de basse cour
Traitres et vilain qui pue, … .)
23Ce TA acquiert la valeur d’insulte par le biais de l’« assimilation <du référent> à des marginaux et à leurs vices » (Lagorgette 1994, §16). Si, grâce à notre compétence de locuteur moderne, nous pouvons facilement imaginer ce TA-insulte comme une transposition de l’oral, on peut également supposer l’existence d’un TA avec une valeur antonymique comportant des noms d’humains qui réfèrent aux représentants de la société les plus dignes de respect. Il convient, cependant, de rester prudent, puisque dans notre corpus ce TA est réservé aux textes de fiction.
2.1.2. Romans
baron | Chevalier | |
xii | 19 = 5,7 % | 63 = 5,2 % |
xiii | 5 = 4 % | 113 = 6,9 % |
xiv | 10 = 5,6 % | 32 = 6,6 % |
xv | 0 | 1 = 0,4 % |
24On voit que dans les romans les rapports de force s’inversent : chevalier connaît une bien plus grande fréquence absolue en tant que TA que baron9. Le genre du roman, qui commence par des textes versifiés au xiie siècle pour basculer vers la prose au XIIIe, est celui qui illustre le mieux ce passage graduel entre la lecture/récitation à voix haute et la lecture silencieuse, les vers étant plus propices au premier stade, la prose – au deuxième. Tout en étant influencés par les chansons de geste au début de la période étudiée, dès les textes les plus anciens, les romans « [...] se distinguent des chansons de geste par leur forme. Ils ne sont pas destinés à être chantés. Ils renoncent à la forme strophique des laisses et sont écrits en octosyllabes à rimes plates » (Stanesco & Zink 1992, 25). Cependant, la part de l’oral représenté y est non moins importante que dans les chansons de geste (40 % dans le corpus de Guillot et al 2015). Si le SN seigneurs barons est également attesté dans les romans de notre corpus, c’est le SN sire chevalier au singulier qui acquiert une importance particulière à partir du XIIIe siècle (72 exemples sur 113 au XIIIe siècle) :
MortArtuF2 p. 104
A ceste parole saut avant Mador et dist : " Sire chevaliers, ge sui prez de prouver qu'ele desloiaument et en traïson a ocis mon frere.
MelusArrS p. 92
Par foy, sire chevaliers, dist Uriiens, grant mercis.
25Sabine Lehmann analyse ainsi le TA Sire chevalier dans le roman en prose du XIIIe siècle la Mort le roi Artu : « Dans la combinaison Sire chevaliers […] Sire fonctionne comme un terme générique, marqueur d’une position sociale élevée, tandis que chevaliers précise l’appartenance à la catégorie de « ceux qui combattent » (2010, §37). Cependant, si une telle interprétation de chevalier en fonction d’adresse est possible pour la Chanson de Roland (ibid. §23), dans Geylikman 2022 nous démontrons que dès la fin du xiie siècle dans tous les textes du corpus le sens de chevalier dépasse celui de « combattant », en attribuant le référent à un groupe social caractérisé avant tout par une sorte de « conscience de classe » qui lui est propre (cf. Barthélemy 2007, 11) et l’oppose au reste de la société. La désignation chevalier acquiert la valeur de statut social, dont la mention est non moins importante que celle du grade hiérarchique. On la retrouve en effet dans le domaine documentaire dès les textes les plus anciens où l’emploi « Nom Propre, chevalier », marqueur de statut social, est l’emploi le plus fréquent de cet item (du type ChDouai0004a (DocLing), « Loeys de Andifer, chevalier »).
26Cette différence – le TA le plus fréquent contenant baron désigne un groupe, celui contenant chevalier – un individu – est emblématique de la différence entre ces deux noms d’humains démontrée dans Geylikman 2022. En effet, dans la quasi-totalité de notre corpus, baron a tendance à apparaître en emploi collectif, alors que chevalier, surtout avec le développement du roman, reste du côté de l’individualité. Chevalier étant le désignateur d’humain par excellence dans les romans, cela n’est point étonnant, puisque « le personnage romanesque se distingue du personnage épique par sa prise de distance vis-à-vis du type » (Obry 2013, 13). Remarquons que *sire baron n’est pas relevé dans notre corpus : lorsque baron au singulier est employé en tant que TA, il se trouve soit non modifié, soit accompagné par un élément évaluatif. Pour une adresse individuelle, on préfère donc un TA plus générique qui attribue le destinataire à la noblesse guerrière sans insister sur sa position hiérarchique concrète.
27Étant tous deux des hyperonymes pour « haute aristocratie » et « noblesse laïque », baron et chevalier apparaissent comme des choix logiques pour ce type de TA respectueux qui s’apparentent aux futurs TA de politesse (du type Monsieur le Directeur, Mesdames les députées). Les témoignages des textes écrits nous permettent de supposer l’existence des TA « seigneurs barons », « sire/seigneur chevalier.s » comme une possible norme d’adresse envers un haut aristocrate ou un guerrier noble laïc.
28Enfin, les deux genres de fiction laissent apparaître une tendance commune quant aux adjectifs pouvant modifier baron et chevalier en tant que TA. Ainsi, en dehors des TA les deux noms sont accompagnés de deux types d’adjectifs évaluatifs différents : pour baron il s’agit des adjectifs qui mettent en valeur la position sociale élevée du référent du type noble, grand, haut, alors que les référents de chevalier sont davantage caractérisés du point de vue de leurs qualités personnelles (courage, force, loyauté, etc.) (cf. Geylikman 2022 en particulier 49-53, 161-167). Cependant, lorsqu’il s’agit d’apparition des deux items au sein des TA, le champ sémantique auquel appartiennent ces adjectifs est le même :
HugCapLb, v.716
Et leur dist : « Frans barons, je vous prie mercy !
(trad. Et [elle] leur dit : « Nobles barons, je demande votre merci !
PriseOrabR2, v.889
« Or tost as armes, nobile chevalier !
(trad. Vite, aux armes, nobles chevaliers !)
29Cette règle est sujette à des variations, mais elle nous semble représentative quant au choix des adjectifs pour les TA respectueux. En effet, le champ « noblesse » mélangeant l’indication de la position honorifique du référent et celle des hautes qualités morales provenant de cette position honorifique (cf. ibid.) semble convenir le mieux à ce type de TA.
30Une autre observation intéressante s’impose, toujours en rapport avec les adjectifs-épithètes des noms étudiés. Si baron ne peut jamais être accompagné d’un adjectif évaluatif négatif, que ce soit dans un TA ou non, c’est possible pour chevalier, y compris en fonction d’adresse :
FoukeH, v.45
« Vous, recreant chevaler, qe vous fetez apeler Fouke, vous y mentez.
(trad., Vous, lâche chevalier, si vous dites que vous vous appelez Fouké, vous mentez).
31Le TA acquiert alors la valeur d’insulte. Cependant, il reste difficile de se prononcer sur la valeur de cet usage vis-à-vis de l’oral, ses occurrences appartenant uniquement aux textes de fiction.
32De manière générale, dans la majorité des cas les TA avec baron et chevalier s’inscrivent dans des interactions entre hommes nobles laïcs. Il est vrai que la prise de parole par des représentants d’autres groupes sociaux est plutôt rare dans les textes de fiction composés et écrits pour la noblesse guerrière. Les chansons de geste ont pour personnages presqu’exclusivement des hommes hauts aristocrates (Boutet & Strubel 1979, 56-57), il n’est donc pas étonnant qu’ils soient aussi les interlocuteurs les plus fréquents dans les interactions représentées. Dans les romans, une plus grande diversité de personnages est susceptible de s’adresser à un « chevalier » : personnages féminins, nains, sorciers et sorcières, etc. Le cas échéant, les mêmes TA sont relevés. Cependant, l’interaction entre hommes nobles laïcs restant majoritaire, si l’on considère que les passages au discours direct font entrevoir une norme d’adresse orale, il s’agit vraisemblablement d’une norme élaborée avant tout à l’usage de ce groupe social dominant pour des interactions au sein même de ce groupe.
33Une deuxième remarque intéressante s’impose concernant la nature des deux genres de fiction, les chansons de geste étant originellement à destin vocal, les romans, non. Si l’on observe bien une disparité numérique – la proportion des occurrences de baron et chevalier en tant que TA dans les chansons de geste anciennes est plus importante que dans les romans – on n’observe pas de différence majeure dans la structure des TA. Si baron est caractéristique des chansons de geste, et chevalier des romans, la combinaison avec sire/seigneur reste en vigueur pour la formation des TA respectueux. Il en va de même pour le choix des adjectifs qui viennent accompagner les deux items dans les TA. Nous pouvons donc supposer qu’en matière des TA, la norme orale n’est pas nécessairement moins bien représentée par les textes composés dès ses débuts pour la scripturalité.
2.2. Chroniques
34Les chroniques, ou historiographies, se trouvent à mi-chemin entre les textes de fiction et les textes documentaires. En effet, si les textes du xiie siècle en vers, représentant des chroniques d’histoire légendaire, posent souvent des problèmes d’attribution, tant il est difficile de les délimiter des genres de fiction (cf. Courroux 2016), même les chroniques d’histoire récente (appelées aussi chroniques-témoignages) apparaissant à partir du XIIIe siècle, restent très marquées par une aspiration littéraire et sujettes à des exagérations (Boutet & Strubel 1979).
35Cependant, les TA avec baron et chevalier connaissent une fréquence très peu élevée dans notre corpus.
Baron | chevalier | |
xii | 2 = 1,3 % | 0 |
xiii | 0 | 1 = 0,6 % |
xiv | 2 = 0,9 % | 2 = 0,4 % |
xv | 0 | 0 |
36Cela se trouve en corrélation avec la faible proportion du discours direct caractéristique de ce genre (Marnette 1998, 121, Guillot et al. 2015).
37En même temps, les rares exemples relevés apportent des témoignages d’autant plus précieux :
FrChron1*, § 36
[…] si feri en l'ost des Englès moult vaussaument en criant : « Douglas ! Douglas ! Vous y morrés tuit, signeur baron englès. »
(trad. et il attaqua l’armée des anglais très courageusement en criant : « Douglas ! Douglas ! Vous allez tous mourir, seigneurs barons anglais »).
FrChron1* §177
« Ha! signeur chevalier, vous m'avés bleciet del corps et ostet de vie mon cher neveu que je tant amoie.
38Tous les exemples relevés représentent des interactions entre hommes nobles laïcs. Le fait que les seules occurrences relevées fassent apparaître les mêmes modèles que ceux que nous avons enregistrés dans les textes de fiction – seigneurs barons et seigneurs chevaliers – appartenant qui plus est à des chroniques-témoignages caractérisés par un certain degré d’historicité, signifie que ces TA représentent sans doute des « rituels verbaux, participant du code chevaleresque courtois » (Lagorgette 2003 : §56), possiblement transposés de l’oralité.
2.3. Textes documentaires10
39D’après les résultats de Guillot et al. (2013, 2015), le domaine juridique témoigne d’une faible proportion de discours direct et d’unités discursives caractéristiques de l’oral représenté. Cependant, les textes de notre corpus représentant des chartes, lettres et actes royaux et seigneuriaux composés à la première personne et dictés, ils peuvent aussi être considérés comme relevant entièrement du discours direct.
40Les textes documentaires sont marqués par une écriture très formalisée : au premier regard, dans un moule lexico-syntaxique préfabriqué on insère des éléments factuels variables – Noms Propres, toponymes, chiffres, etc. – pour aboutir à un texte type. Cependant, de nombreux travaux exploitent les textes documentaires pour étudier la variation à des niveaux linguistiques différents et mettent en évidence la portée performative véhiculée non seulement par le texte, mais également par la forme même des documents (cf. Grübl 2015, Glessgen 2008). En effet, il s’agit de la quintessence de l’acte performatif, puisqu’on ne peut sceller un accord ou produire un testament qu’en recourant à un type de document très spécifique aussi bien au niveau linguistique qu’extra-linguistique. Dans le cas des textes documentaires de notre corpus, on est donc très éloigné de l’immédiat communicatif.
41Notre corpus ne donne pas lieu à des occurrences de baron et chevalier dans les formules d’adresse dans leur sens classique. Les exemples suivants ont toutefois attiré notre attention :
DocLing, chJu091
En tesmoignage de la quel chose nos havons prié et fait mettre en cex lettres le seal de la court à noble baron Renaut de Bourgoigne conte de Montbeliart soz la juridiction de la quel court nos mettons nos et les nostres et toz nos biens presenz […].
FoederaR1 vol.2 p.1038
Ceste endenture tesmoigne les covenances, alliances, & acorde, entre nous, Edward, par la grace de DIEU, Roi d'Engleterre, seignur d'Irlande, & ducs de Guyen, de une part, & monsieur Bernardett de la ‘Brette, noble & puissant baron, visconte de Tartays, & sire de la Brette, d'autre part;
DocLing, ChSL 040
C'est à-savoir ou dit mastre Arnaut et en monsegneur Hugue d'Arc, chanoines d'Ostun, esleuz dou dit evesque et en nostre amé et feal chevalier monsegneur Pierre de Blenou […]
42Nous considérons en effet que les SN contenant baron et chevalier ont dans ces occurrences la valeur d’adresse indirecte (Kerbrat-Orecchioni 2010). Si l’on accepte cette terminologie, pour baron et chevalier il s’agit alors des seuls exemples de la norme d’adresse proprement écrite dans notre corpus. Sans désigner l’interlocuteur, ces SN présupposent un rapport formalisé particulier entre l’émetteur du message et le référent des deux items, puisque tous les individus mentionnés sont concernés par l’acte performatif que tel ou tel document représente. Souvent, les référents désignés, sans être les destinataires premiers du message, sont censés apprendre son contenu (en le lisant ou en l’écoutant). Mais même lorsque ce n’est pas le cas, la contrainte sociale oblige l’émetteur à accompagner la mention de l’individu en question par des éléments linguistiques appropriés à son statut.
43Sur ce point, on observe une différence majeure entre baron et chevalier. Ainsi, dans la majorité des exemples relevés, baron se trouve accompagné de l’adjectif noble, plus rarement puissant et/ou haut. On remarquera que, tout comme dans les TA des textes de fiction, ces adjectifs mettent l’accent sur la position sociale élevée du référent. Le cas échéant, baron ne réfère pas à une position concrète dans la hiérarchie aristocratique, puisqu’on retrouve toujours des noms-titres comme comte ou duc au sein du même SN (exemples 12 et 13). Notons que ce type d’occurrences de baron est relevé aussi bien dans les documents dont l’auteur est le roi (exemple 13), se trouvant donc à une position plus élevée que les référents de baron, que dans ceux dont les auteurs se trouvent à des positions inférieures par rapport à ces individus. Ainsi, les auteurs de la charte chJu091 de l’exemple 12 n’étant pas de hauts aristocrates, le « baron » à la cour de qui ils enregistrent leur vente occupe une position sociale plus élevée.
44Les occurrences de chevalier présentent, en revanche, une autre construction. Elles sont relevées uniquement dans le cas où l’auteur du document est le roi ou un grand seigneur et que le référent de chevalier appartient à la moyenne ou petite noblesse (donc n’est pas un haut aristocrate). Généralement, l’item se trouve alors précédé d’un déterminant possessif et de deux adjectifs du type « dét.poss. + adj.1 + et + adj.2 + chevalier ». Les adjectifs en question peuvent être qualifiés de relationnels dans le sens où l'entend Kerbrat-Orecchioni – qui « possède un sens en lui-même et un référent autonome, mais qui ne peut être déterminé que par rapport à y » (1997 [1980], 37). Dans le cas présent, ils présupposent l'existence d'un sujet et d'un objet de l'émotion – pour cher et aimé, adj.1 – ou bien d'un sujet et d'un objet du comportement – pour loyal, feal et fiable, adj.2.
45La possibilité même de l'emploi des deux adjectifs relationnels est conditionnée par la collocation de l'item avec le déterminant possessif. Autrement, l'emploi de l’adj.1 du type aimé ne serait pas possible, et l’adj.2 n'aurait pas la nature relationnelle, mais référerait aux qualités personnelles de l'individu. Il est donc intéressant de remarquer que dans ce couple d'adjectifs l'un vient nécessairement du premier groupe et l'autre du deuxième : les séquences *notre cher et aimé chevalier, tout comme *notre loyal et feal chevalier sont impossibles. D’un point de vue pragmatique, cela décrit en réalité le modèle de la relation « seigneur - chevalier » dans la réciprocité : le seigneur chérit son sujet, en échange, ce dernier lui doit la loyauté.
46Kerbrat-Orecchioni met en évidence les deux axes de l'interaction qui peuvent être reflétés par les formules d'adresse en général :
(1) Axe « horizontal » : les interlocuteurs peuvent instaurer entre eux une distance plus ou moins grande, et les termes d'adresse (pronom et nom) y contribuent au premier chef.
(2) Axe « vertical » […] : les interlocuteurs peuvent instaurer entre eux, via le terme d'adresse, une relation d'égalité si l'emploi des FNA <formule nominale d’adresse> est symétrique, ou au contraire de hiérarchie en cas d'emploi dissymétrique (par exemple : un titre « honorifique » venant du sujet en position basse marque la déférence ; à l'inverse, une expression telle que « mon brave » employée par un sujet en position haute marque la « condescendance ») (Kerbrat-Orecchioni 2010, 29)
47Le deuxième axe explique parfaitement la différence entre les formules d'adresse indirecte contenant baron et celles contenant chevalier. En effet, le titre honorifique « noble baron », vise à instaurer entre l'émetteur du message et le référent de l'item une relation qui se base sur la position élevée de ce dernier. Cela vaut même pour les chartes royales : la position de primus inter pares impose au roi l’usage de titre honorifique à l’adresse d’un « baron ». En revanche, la séquence du type notre aimé et féal chevalier par le biais de l'emploi du déterminant possessif et des adjectifs relationnels instaure entre l'émetteur du texte – le seigneur – et le destinataire de l'adresse indirecte – « son » chevalier – une relation dissymétrique qui marque la condescendance. Du point de vue pragmatique, les SN étudiés, tout comme les TA classiques, « appartiennent à des stratégies de compensation des FTA : compensation de l’agression de la face négative de l’allocutaire (les T.A. honorifiques témoignent du respect pour son statut social tout en explicitant sa propre conscience de l’abus en cours) et prise en compte de sa face positive (on prend acte de sa supériorité, de son infériorité ou de son égalité) » (Lagorgette 2003, § 56). Remarquons que dans le recueil en anglo-normand Foedera, on relève 4 exemples de chevalier en co-occurrence avec les adjectifs noble +/- puissant :
FoederaR1 vol.3 p.604
« Et aussi baillons nostre foy en la mayn du noble chivaler et puissant, le counte de Warewyk, … .
48Les SN « notre + adjectifs relationnels + chevalier » ne sont jamais accompagnés par les dénominations référant aux grades supérieurs de la hiérarchie aristocratique du type duc ou comte. Cela signifie que dans les cas où un haut aristocrate est désigné par chevalier, les adjectifs choisis sont les mêmes que pour baron. Le choix des adjectifs dépend par conséquent non pas de l’item choisi, mais de la réalité extra-linguistique – la position sociale du référent.
49Ces considérations, qui sont à notre sens parfaitement applicables aux SN étudiés, nous confortent dans notre choix de les considérer comme des exemples d’adresse indirecte. Or, si leur valeur de TA n’est pas remise en question pour nous, cela ne signifie pas nécessairement que ces usages représentent des transpositions de l’oral. En français moderne, on peut trouver des TA qui seraient employables aussi bien dans une adresse écrite qu’à l’oral (cf. « Monsieur le directeur » au début d’un courrier ou d’un discours formel). Dans le cas des TA indirecte que nous venons d’étudier, il serait en effet possible d’imaginer une telle transposition d’un registre de l’oral courtisan très formalisé, mais ce serait difficile à prouver. On pourrait supposer en revanche que si seigneurs barons et sire/seigneurs chevalier.s relèvent de la norme orale, les modèles de TA indirecte seraient du côté de la norme d’adresse écrite.
50En même temps, les occurrences des TA indirecte nous permettent de relever une tendance qui serait commune à tous les genres de notre corpus : la présence des adjectifs mettant en valeur la position sociale élevée du référent du nom qu’il modifie (noble, haut, puissant), valable pour les relations « noble vs noble » et « roi vs haut aristocrate » (mais non roi vs représentant de moyenne ou petite noblesse). Vraisemblablement, ce serait le choix de prédilection lorsqu’il s’agit de TA respectueux établissant une relation hiérarchique d’égalité dans l’axe destinateur-destinataire.
3 | Conclusion
51L’analyse que nous avons conduite permet de conclure que baron et chevalier participent bien à une norme d’adresse envers un noble laïc et de supposer deux variantes de cette norme – orale et écrite. La norme orale serait plus économique avec les TA seigneurs barons, sire/seigneurs chevalier.s qui devraient être considérés comme des TA de respect. Ce serait la norme des interactions verbales entre les hommes nobles laïcs. Elle semble s’être imposée avant tout à l’intérieur de ce groupe dominant qu’était la chevalerie, marquant la distance par rapport aux autres groupes sociaux.
52La norme écrite des textes documentaires exigerait davantage d’éléments, parmi lesquels des sets d’adjectifs spécifiques en fonction de la position hiérarchique du référent (haut aristocrate vs membre de moyenne ou petite noblesse), des noms-titres etc. De manière générale, l’écriture documentaire représente un terrain propice à l’étude de la norme d’interaction écrite.
53Au niveau méthodologique, même si le discours direct reste un critère de base valable pour l’étude des TA, notre analyse démontre qu’il ne faut pas se limiter à l’étude des genres avec une proportion importante du discours direct ni à celle des passages au discours direct stricto sensu. Par ailleurs, contre tout attente, lorsqu’il s’agit des TA, les genres destinés à la lecture – le roman ou l’historiographie – fournissent un matériau tout aussi utile pour l’étude de la représentation des interactions verbales que les genres à destin vocal comme la chanson de geste.
54Sans doute, l’oral véritable des siècles passés restera pour nous inaccessible à jamais. Pourtant, le fait que nous ayons pu récolter des bribes d’oralité à partir d’un objet de recherche aussi restreint – deux noms d’humains seulement – démontre l’intérêt d’études plus amples et plus systématisées de l’oral représenté par l’écrit.
- 1 Au sujet de la délimitation du discours rapporté dans les manuscrits médiévaux, cf. Marnette 2006.
- 2 Thèse « Étude sémantique de baron et chevalier (xiie-xve siècles) : essai de méthode pour les dénominations féodales » préparée à l’équipe SAPRAT de l’EPHE de Paris sous la direction de Joëlle Ducos, soutenue le 27 novembre 2017. Cette thèse est parue récemment en version abrégée (Geylikman 2022).
- 3 Pour une analyse de ces caractéristiques de baron et chevalier face à plusieurs autres noms de la hiérarchie féodale du point de vue de la sémantique cognitive, voir Geylikman 2020.
- 4 Pour une description détaillée du corpus, ainsi que la justification des choix des textes et des recueils, cf. Geylikman (2022, 16-22). Le corpus contenant aussi bien des éditions électroniques que des éditions papier, ses dimensions en nombre de mots et ponctuations sont difficiles à définir.
- 5 Les tableaux présentent deux valeurs : la fréquence absolue des occurrences du nom en question en fonction d’adresse pour tous les textes d’un seul genre dans les limites d’un siècle et la proportion de ces occurrences par rapport au nombre total d’occurrences du nom en question relevées pour ce genre et pour ce siècle.
- 6 Dans le souci de clarté, nous indiquerons les SN étudiés dans leur forme la plus rapprochée du français moderne au niveau de la graphie et du paradigme.
- 7 Pour citer les textes médiévaux, nous aurons recours aux sigles du Complément biblio|graphique du DEAF. Les sigles absents du Complément, seront marqués par un * et leurs références complètes seront placées dans Bibliographie. Les chartes du corpus DocLing seront marquées par les sigles qui leur sont attribués dans le corpus en question.
- 8 Nous avons choisi de traduire uniquement les exemples qui nous paraissaient obscurs pour le locuteur moderne.
- 9 Cela se trouve en corrélation avec la fréquence absolue des deux termes tout emploi confondu dans les deux genres de fiction (Geylikman 2022).
- 10 En suivant le principe des éditeurs du corpus DocLing, pour la période médiévale nous préférons le terme texte documentaire à celui de texte juridique.