Zeitschrift | Band
Revue germanique internationale - ancienne série
La crise des Lumières
Band 3
Abstrakt
A trop réduire les Lumières à un moment historique ou à un idéal rationnel, l’histoire des Idées en a sans doute manqué la nature. Si elles proclament le progrès et si elles impliquent une dialectique, les Lumières ne sont cependant jamais des thèses simples et uniformes sans autre rapport que conflictuel avec ce qu’elles ne sont pas. Les mouvements à contre-lumières – le romantisme, l’idéalisme allemand, aussi bien Haydn que Lenz, Schlegel, Hamann ou Hegel – ne représentent pas des oppositions frontales ou des altérités radicales ; ils ne peuvent se penser que dans leur rapport, pour ainsi dire interne, avec les Lumières. Les Lumières n’excluent pas mais portent en elles leurs contradictions. On le voit tant dans les individus, Moritz ou Forster par exemple, que dans les groupes, le premier romantisme autour des frères Schlegel, les sociétés berlinoises officielles ou secrètes, ou enfin dans les différences nationales entre Lumières et anti-Lumières françaises, Aufklärung allemande, premier romantisme et idéalisme. On ne peut concevoir Kant sans Hamann, Frédéric II sans Kant, Schlegel sans l’Encyclopédie, Hegel sans Jacobi, Bayle sans Nicole ou Dumarsais, Paris sans Berlin. Les études et les documents ici rassemblés montrent par l’analyse de thèmes très précis comment Aufklärung et Lumières, loin d’être une tendance générale qu’il y aurait lieu de conserver en son improbable unité, de dépasser, de limiter ou de condamner, sont un système riche et complexe. Les Lumières n’ont pas cette naïveté confiante ou victorieuse qu’on leur prête souvent et qui les vouerait par la suite à des crises par lesquelles elles tuent ou meurent : avec les anti-Lumières dont elles ne sont jamais absolument séparées et qui ne se défont jamais véritablement d’elles, elles constituent essentiellement une crise : la crise que sont les Lumières.
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à propos de l'œuvre de Karl Philipp Moritz (1756-1793)
pp.55-70
https://doi.org/10.4000/rgi.482citoyen du monde ou individu apatride ?
pp.71-81
https://doi.org/10.4000/rgi.484Cassirer, Horkheimer et Adorno
pp.83-101
https://doi.org/10.4000/rgi.486pp.117-125
https://doi.org/10.4000/rgi.490Conscience bourgeoise et loyauté du fonctionnaire dans la Société du Mercredi à Berlin
pp.127-141
https://doi.org/10.4000/rgi.492les philosophes allemands et l'"Aufklärung"
pp.157-179
https://doi.org/10.4000/rgi.496Publication details
Zeitschrift: Revue germanique internationale - ancienne série
Band: 3
Year: 1995
DOI: 10.4000/rgi.476
Referenz:
(1995) La crise des Lumières. Revue germanique internationale - ancienne série 3.